Deux
ans et demi se sont écoulés depuis Siberian
Reindeer, premier EP du quintette toulousain
I Lost My Keys. Alors que MayTheBirds
pointe son bec en ce début septembre, présentant un très
agréable artwork, nous sommes en droit de nous demander ce que nous
réservent les deux morceaux qui le composent. Car si le premier
effort était prometteur, son côté kaléidoscopique, en recherche
constante d’identité, le rendait quelque peu abrupt à l’écoute.
Constat
donc : si l’on ne sait toujours pas si les cinq musiciens ont
retrouvé leurs clés, on peut assurer qu’ils n’ont pas perdu le
sens de la mélodie - qui était l’atout principal du premier opus.
Le violoncelle est lui aussi de retour, tout comme la pluralité des
voix lead, apportant
une originalité assumée et bienvenue à l’instrumentation rock du
combo.
Kodomo
no hanashi ouvre le bal. Les trois minutes et
trois secondes d’énergie rock aux accents pop semblent redéfinir
l’orientation envisagée par le groupe : I Lost My Keys nouveau
sera épique ou ne sera pas (du moins sur cet EP) ! Les alternances
minutieusement réfléchies entre moments intimistes, amenés par des
paroles véhiculant une nostalgie certaine, et des instants plus
bruts de décoffrage, transportent sans trop de heurs, si peu que
l’on accepte de se laisser guider, dans l’univers onirique du
groupe.
Fait
suite R.T.F.M, titre
à l’acronyme mystérieux, qui enfoncera encore plus le clou
effleuré par son prédécesseur. Si le morceau prend son temps à
débuter, son introduction quelque peu exotique à base de toms et de
cordes distendues pose tout de suite l’ambiance, entre mysticisme
psychédélique et énergie rock, avant la rentrée des voix,
recadrant le propos dans les contrées pop. Plus loin, gros son et
alternance de riff math/post/prog/whatever aboutiront à une montée
épique où l’overdrive écorché de la guitare agira de concert
avec le violoncelle, libérant tout son potentiel lyrique, pour un
final ravageur et émouvant.
Sur
le papier, l’écoute de deux morceaux peut sembler assez courte
pour justifier d’une chronique ; difficile de légitimer une page
d’avis subjectif, qui se voudrait critique et constructif, sur
moins de dix minutes de musique. Pourtant, la puissance que génèrent
ces deux titres, leur exigence, et le côté polymorphe - mais pas
disparate - de l’ensemble, surtout comparé aux productions
précédentes du combo, méritent commentaire : I Lost My Keys semble
avoir franchi un cap. Si MayTheBirds
est assez varié pour éviter l’ennui à son auditeur, il n’en
reste pas moins qu’il dégage une forte unité, démontrant que le
groupe a su se fixer sur une définition précise de sa musique qui
autrefois lui faisait défaut. Le son est rugueux, lourd et semble
porter sur ses épaules toute la mélancolie des musiciens. Entre
post-rock épique (Silver Mount Zion related,
comparaison forcée quand on choisit de mélanger voix haut-perchées
à la limite de la justesse, cordes et gros son de guitare) et indie
rock des années 2000 (Pinback, Q and not U, 31 Knots, etc.), ILMK
prouve en deux titres, et en moins de 10 minutes, qu’il a su
combler tous ses défauts - aussi bien d'un point de vue technique que musical - tout
en conservant ce qui faisait son attrait et sa personnalité. Reste à
confirmer cette impression positive sur un format plus long, et
surtout en live. Mais pour l’instant, tout semble bien parti pour
que I Lost My Keys s’impose au cours de l’année à venir comme
l’un des groupes majeurs de la ville rose.
Romain
I Lost My Keys, MayTheBirds, O'O studio, 2013.
Album disponible en écoute intégrale sur Bandcamp.
Tracklist :
01. Komodo No Hanashi
02. R.T.F.M.
I Lost My Keys, MayTheBirds, O'O studio, 2013.
Album disponible en écoute intégrale sur Bandcamp.
Tracklist :
01. Komodo No Hanashi
02. R.T.F.M.
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