Frontman entre 2004 et
2008 du groupe A-Tom, formation toulousaine résolument rock
prématurément disparue, Guillaume Virelaude a parcouru bien du
chemin et s'est depuis montré fort productif sur le plan musical.
Outre un cover band, Melango, mené aux côtés de Béra (AeriaMicrocosme, Rufus Bellefleur) et de Ydan, talentueux
chanteur-musicien et beatboxer, l'ami Guillaume vient d'obtenir le
financement, via le site Ulule, d'un spectacle ambitieux mêlant
musique live, vidéo, théâtre et danse qui répond au doux nom
d'Eliza Brown (toujours accompagné de YDan). Mais ce qui nous
intéresse aujourd'hui, c'est VeiL, projet solo né l'an dernier et
dont un premier EP est paru en octobre 2011.
S'intitulant tout
bonnement VeiL, l'EP comporte cinq titres à tendance pop mais
recelant des trésors de sonorités bluffants. Rock, jazz, blues,
bossa, folk, électro, les titres de VeiL nous font voyager dans son
univers musical polychrome où aucune barrière n'a été posée.
C'est donc sur un rythme latino que démarre Sleeping Beauty. Petit
phrasé de clavier, légère disto dans la guitare, un riff bossa et
puis la voix joliment éraillée de Guillaume qui vient se poser
délicatement sur l'instru avec une maîtrise parfaite de son sujet.
Sleeping Beauty aurait pu faire une superbe chanson de cabaret. Sur
ces notes, on imagine tout à fait le vocaliste débarquer en complet
blanc sur scène, sous des lumières tamisées, enchaînant quelques
habiles pas de danse tout en racontant son histoire. Le passage au
piano dans les trois minutes donne par ailleurs un côté très
romantique.
Changement de décor
total, partons sous des cieux plus... britanniques. Même si je ne
suis pas un fervent partisan des étiquettes que l'on peut coller à
un artiste. ce Static me rappelle grandement certaines ballades
pop-rock des frères Gallagher. Cette impression n'en est
qu'amplifiée à l'écoute des premières notes du chant qui, sur ce
morceau, s'approche franchement de la voix et du phrasé habituel de
celui qui fût le chanteur d'Oasis. Cela n'enlève cependant rien du
tout à la qualité de ce titre qui a les épaules d'un futur tube.
La finesse accordée au mixage et à la production y sont très
certainement pour quelque chose également.
On passe à Lila,
somptueuse ballade acoustique dépouillée, dans son plus simple
apparat. Une guitare acoustique, un piano, la voix très pure du
chanteur sur le couplet puis des chœurs judicieusement posés sur
les refrains et ça fonctionne. L'émotion est palpable, on se laisse
emporter, on ferme les yeux et on profite du moment. Sublime... La
chanson monte crescendo dès le second couplet avec une batterie
discrète et quelques envolées vocales. Il s'agit à mes yeux du
meilleur morceau de cet EP.
Eveil, quatrième piste
de la galette, a des airs de titre post-rock avec ses riffs de six
cordes lancinants, son sample, son gimmick vocal en fade in et la
disto qui explose d'un coup pour donner une intensité grimpante au
morceau. On laisse monter le courant en nous, on sent cette intensité
nous parcourir et puis, juste avant qu'elle atteigne son paroxysme,
c'est la fin... On aurait peut-être attendu que le plaisir soit un
peu prolongé. Même si c'est plutôt bien joué de la part du
compositeur qui nous coupe un peu l'herbe sous le pied, nous met
l'eau à la bouche puis nous laisse mijoter un peu. En réalité,
Eveil aurait fait une parfaite chanson de fin d'album, laissant un
certain suspens, une tension qui ne se serait apaisée qu'à
l'arrivée d'un second opus. Mais il en reste un...
C'est donc Crossroads qui
clôturera cet EP et mettra fin au petit voyage musical que nous a
organisé VeiL. Ici, c'est un morceau très groovy qu'on découvre,
fortement teinté d'électro mais toujours avec ce côté chaleureux
et romantique apporté par le piano. Les lignes de voix sont
efficaces et les textes plutôt habilement écrits.
En résumé, ce premier
effort promet de belles choses et l'on est forcé de reconnaître
encore le talent de M. Virelaude qui nous offre encore quelques
sympathiques instants de musique. L'on pourra très bientôt
découvrir sur scène ce projet qui s'est étoffé depuis, puisque
son principal instigateur s'est entouré de quelques musiciens pour
présenter en live les compositions de VeiL. Rendez-vous sur les planches.
[Fanch]
VeiL, VeiL, autoproduction, 2011.
Album disponible en écoute intégrale sur BandCamp.
Tracklist :
01. Sleeping Beauty
02. Static
03. Lila
04. Eveil
05. Crossroads
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