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dimanche 28 août 2011

Rufus Bellefleur | Groovin' Tales from the Gator Blaster

N'appelons pas ça une surprise. Cela fait maintenant quelques temps que des bribes de l'album circulaient sur la toile et cela n'a fait qu'accentuer mon envie d'écouter la galette complète. L'objet tant attendu, c'est Groovin' Tales from the Gator Blaster de Rufus Bellefleur. Si ce nom ne vous dit rien, vous pourriez par contre connaître celui de Julien Cassarino, chanteur de Manimal et autre Psykup. Le metalleux nous sert ici un véritable patchwork musical. Mais n'appelons pas ça une surprise. Appelons ça une grosse claque dans la tronche.

Remettons d'abord les choses dans leur contexte. Rufus Bellefleur, c'est ce revenant redneck du Bayou venu hanter le monde des vivants. C'est aussi la rencontre entre Julien Cassarino et Youssef Dassouli, aka Yuz, qui a produit l'album, ensuite rejoint par Gwen Vibancos, dessinateur, et des musiciens du collectif Antistatic. Tout un concept musical, donc, mais aussi graphique. Il faut d'ailleurs saluer un design de la pochette foutrement réussi, très "gorillazien".

Quant au contenu du disque, puisqu'on est quand même là pour ça, il est plutôt compliqué à décrire. J'ai tout d'abord pensé à Gorillaz (encore) pour le côté "multifruits" pop, hip-hop (que je baptiserais hip-pop parce que... c'est rigolo), de country, pimenté d'un petite pincée de métal, parce qu'après tout, on ne se refait pas.

Réveil de la bête en intro, flinguage de coq et on attaque avec First Blood, le premier titre de l'album. Forcément de mauvaise humeur, Rufus gueule, et fait bien comprendre qu'il est "dans la place" (champs lexical du hip-hopeur). Bref, ça commence plutôt pas mal. Et là, BIM ! On passe du "coca light". The Rendez-Vous nous sort le refrain le plus pop de l'Histoire, sucré comme une pomme d'amour et entrecoupé d'un flow ravageur que Rufus usera plutôt rarement par la suite. Pourtant diablement efficace. Délicieux même.

Drink (this is my soul) a elle des relents plus métal. Un break dont la mélodie me rappelle Mike Patton ; d'ailleurs cette impression se répétera plusieurs fois à l'écoute du cd, mais on y reviendra. Bref, le beat bien lourd, le riff de "clavecin", les chœurs féminins (présents dans tout l'album, saluons les comme elles le méritent parce que leur présence ajoute un je-ne-sais-quoi de tout à fait kiffant). Pour l'instant, c'est un sans faute : "so high so low", but so far so good.

Rejoint par un arbitre de foot qui nous gratifiera d'un solo de sifflet, d'un putain de riff de banjo redneck à souhait,  R.U.F.U.S. donne un excellent exemple du côté patchwork de cette œuvre. Cette chanson, c'est la rencontre entre des chœurs féminins hip-hop, d'un vieux barbu jouant du banjo, de lancinants chants made in Danny Elfman, et de mélodies Pattoniennes (le tout rejoint par Pierluigi Colina au sifflet). La chanson suivante, Ma blonde revient à une mélodie entêtante pop sur fond de country. Simple, efficace.

On passe maintenant au "single" de Groovin' Tales from the Gator Blaster, Tonight the Devil is the DJ qui débute avec un riff d'harmonica, lequel m'a fait directement penser à Dionysos, allez savoir pourquoi. A ce moment là du disque, on commence franchement à se dire que, malgré son côté "baiseur de poule", Rufus ne sent pas le faisan. Bah oui, c'est bien efficace tout ça. Je défie quiconque de ne pas taper du pied sur Tonight the Devil is the DJ.

Je passe sur Dirty Feet, pas ma préférée, la sympathique The Shop qui reprend banjo, screamo, des "nanana" et des allusions à la banane de Rufus. Passons aussi vite sur A Hole in this Cage, qui mériterait pourtant plus de lignes puisqu'elle dispose d'un de ces rares flow de pure hip-hop par Mr. Julien.

Je passe tous ces titres, non pas parce qu'ils sont mauvais, (au contraire, ils sont plutôt réussis et je les écoute toujours avec plaisir) mais parce qu'il me vient l'envie soudaine de parler des deux derniers morceaux, à mon sens, deux véritables réussites. En bon patchwork qui se respecte, Groovin,' Tales from the Gator Blaster se devait d'avoir sa petite chanson "tire-larme". J'ai toujours pensé que ce type de musique était la plus dure à réaliser, plus que des chansons distortionnées à fond les pédales, aussi jouissives soient-elles. Et si j'en parle, c'est que Souviens toi du bon temps me touche. Ma légère aversion pour la country et moi ne pensions pas dire ça d'une chanson... au banjo ! Et pourtant "ça marche bien". Une mélodie tendre tout au long du morceau avant un final en apothéose. Cette chanson, c'est du chocolat.

On finit sur le titre qui accompagnait le générique du clip de Tonight the Devil is the DJ : All your Humanity. Exit la country, malgré quelques notes de guimbarde, on revient à des accents plus industriels. Il fallait bien que Rufus finisse en screamant, tout comme il avait débuté. On ne se refait pas, vous dis-je. Bref, All your Humanity, très différente de tout ce qu'on avait écouté jusque-là, et même très différente de tout ce qu'on a pu écouter dans note vie, conclut parfaitement un album tout simplement formidable.

Oui, Rufus Bellefleur, c'est un surkiff complet, un coup de cœur, une série de mp3 qui tourne en boucle sur mon lecteur, sur ma chaîne et dans mon autoradio. C'est une partouse musicale consanguine, une union contre-nature sur un dancefloor en plein cimetière. Je n'y vais pas de main morte (contrairement à Rufus), mais j'irai jusqu'à dire que jusqu'à maintenant, Groovin' Tales from the Gator Blaster, est mon album made in Tolosa préféré de l'année 2011. Carrément. Concerts nécromanciens prévus pour novembre. Be aware my friends.

Jack Mc Coy

Groovin' Tales from the Gator Blaster, 2011, Mog Fog.

Playlist :

1. Intro
2. First Blood
3. The Rendez-Vous
4. Drink (this my soul)
5. R.U.F.U.S.
6. Ma Blonde
7. Tonight the Devil is the DJ
8. Dirty feet
9. The Shop
10. A Hole in this Cage
11. Third Fight Scene
12. Souviens-toi du bon temps
13. All your humanity

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