Après la tornade The End sorti il y a deux ans déjà, Naïve nous gratifie de sept nouveaux titres dans une galette toute neuve. Miraculé est ce groupe qui a bien failli disparaître quand, suite à de lourds problèmes de santé, MOX a bien failli devoir dire stop. Mais la passion, l’amitié et la foi leur ont tracé un tout autre chemin. Et quel superbe chemin…
Le trio trip-hop métal , fort des
obstacles traversés, nous présente aujourd’hui Illuminatis, sa seconde
mouture, sous un artwork sobre et classe, tout de noir et blanc, mais plutôt intriguant.
Un majestueux requin plane au dessus du sol dans un décor un peu sordide, une
pièce déserte usée par le temps. Voilà qui laisse une grande place à
l’interprétation.
Transoceanic et son
down-tempo planant assure en ouverture une jolie transition avec le précédent
opus. Il recèle tous les ingrédients qui font la patte Naïve : ces sons
électro subtilement mêlés à une instrumentation voguant entre mélodies
envoûtantes et puissantes explosions sonores. Le bridge en milieu de morceau
rappelle d’ailleurs avec aplomb le background métal du groupe. Leur ambivalence
atteint son paroxysme en fin de piste lorsqu’une sublime envolée vocale et
instrumentale prend fin avec brutalité par un passage crié encore inédit chez
Naïve. Belle entrée en matière…
Avec l’intro du second titre, les
trois garçons passent la seconde. Riffs résolument plus métal que sur le
précédent album, screamo et double pédale encore plus massive. Même
l’intonation du chant clair se fait plus grave. La souffrance, le désespoir et
la rage dans la voix de Jouch prennent aux tripes. Belly est brute, sans
concessions, irrévocable.
Focus se fait plus douce
et envoûtante avec une longue outro instrumentale où vient se poser un sample
de chant sentant bon la chaleur de l’orient. Luna Militis, elle, est
sonorement plus proche du premier effort du groupe.
On arrive à Circles, mon
cœur de cœur sur Illuminatis. Une splendide montée d’intensité sur une
intro longue de plus de deux minutes nous amène sur un morceau mêlant à
merveille sons instrumentaux et synthétiques qui mettent parfaitement en valeur
la voix de Jouch. Un cri hallucinant de profondeur en break retentit. Le
refrain est épique, mélancolique, romantique, touchant. Les enchaînements entre
la douceur des passages chantés et la puissance des breaks métal sont très
fluides et le tout s’équilibre en harmonie. Ce morceau est juste parfait !
Le côté sombre de Naïve refait
surface dans The Ropes. Toute basse dehors, voix gravissime, gimmick
entêtant, l’ambiance est lourde, pesante. Puis la lumière et à nouveau, ce son si particulier
à Naïve nous revient en pleine face, la légèreté et la beauté planante de
l’électro couplées à la disto guitare percutante et l’aplomb de la section
rythmique.
Illuminatis s’achève sur le
morceau éponyme (ce qui devient une tradition chez le trio), un titre où la
lourdeur des cordes s’accentue. On finit effectivement sur un morceau assez dark,
empli de désespoir terminant par une vague de cris signée Rico. Contraste assez
particulier avec les quelques notes de piano très mélodieuses qui accompagnent
ce passage.
En fin de compte, Illuminatis
est un bel album où Naïve se renouvelle en choisissant d’évoluer davantage en
direction de ses influences métal (notamment
avec l’apparition de chant crié dans ses compositions) .Le contraste
peut s’avérer parfois violent mais l’ensemble est assez bluffant. Avec quelques
perles en stock, ce second opus est une valeur sure de cette fin 2012. Pour ma
part, il n’égale cependant pas toute la beauté contenue dans The End. Il
faut dire que la barre a été placée très très haute dès le départ…
[Fanch]
Naïve, Illuminatis, Persistent Room, 2012.
Album disponible en écoute intégrale sur Deezer.
Tracklist:
01. Transoceanic
02. Belly
03. Focus
04. Luna Militis
05. Circles
06. The Ropes
07. Illuminatis
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