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mercredi 23 novembre 2011

Bonsài : le punk végétal

L’amour au temps de l’absence de dictature. Deuxième film de Cristian Jiménez, Bonsài est la transposition d’un livre controversé au Chili. Différence notable entre les deux œuvres : la présence à la bande-son de Panico, groupe punk chilien (mais né en France). Cristian Jiménez explique le rôle de la musique dans son film.

Sous ses dehors de comédie romantique au ton décalé – et mélancolique -, Bonsài est aussi un film sur la première génération de Chiliens a avoir vécu sans dictature. À l’heure où le pays est gagné par des mouvements de protestation, visant notamment des réformes de l’éducation, Crstiàn Jiménez brosse le portrait d’une jeunesse alors coincée par un sentiment de solitude. Sentiment cristallisé par son personnage principal : incapable de communiquer avec les autres, Julio bâtit sa vie sur des mensonges. Aspirant écrivain, il fait passer un manuscrit qu’il écrit au jour le jour pour la commande à dactylographier d’un vieux romancier. Ce, dans l’unique but de ne pas perdre la face devant sa voisine, copine de baise traitée avec froideur et distance. Alternant entre présent et passé, Bonsài suit la réinvention de sa première histoire d’amour. Mais malgré une alchimie apparente (bien servie par un duo d’acteurs attachants), la communication coinçait déjà : si les corps s’étreignent avec sensualité, les paroles sont limitées. « Bla, bla bla » peut-on entendre régulièrement le couple répéter, tel un mantra attestant de l’impossible partage des sentiments.

Non daté, le film évolue dans un espace-temps poreux et difficile à cerner. Cristiàn Jiménez voulait capter la solitude de sa génération : « L’auteur du roman original a le même âge que moi » explique-t-il. « L’individualisme dont il parle m’est familier. C’est ce que j’ai également vécu dans les années 90, lorsque j’étais à l’université. » Seul repère, la musique. Jiménez a fait appel au groupe punk Panico pour jouer « en live » durant certaines scènes. « La question de la place de la musique dans un film m’a toujours été difficile. Par exemple, j’ai pour habitude de n’utiliser que de la musique intra-diégétique. Les personnages l’écoutent à l’intérieur des scènes, ou ils dansent dessus. » Pogoter serait un terme plus approprié, mais passons. Jiménez écrit donc son plan musical en amont du tournage puis se tourne vers Panico. La raison de ce choix ? « J’étais un fan dans les années 90. Pour moi, ils représentent une connexion immédiate avec la période décrite par le film. »

Mille-feuille
Probablement une des touches les plus personnelles apportées par Jiménez dans le passage entre le livre et le film, la musique prend les atours d’un exutoire dans lequel les corps peuvent enfin rentrer en contact. Ou presque : au centre, Julio sautille sur place, indifférent à ce qui l’entoure comme s’il n’entrait pas dans la même dimension. La sienne est ailleurs, elle aussi soulignée par une musique – belle et bien extra-diégétique cette fois. « Lorsque nous sommes passés au montage, Eduardo Pistolas (frontman de Panico) m’a proposé d’utiliser de la musique originale. J’ai fini par céder… » Délaissant les guitares, le groupe a composé une musique minimaliste inspirée des sons de la nature. « Cette musique ajoute une texture particulière au cadre global du film. Alors, nous l’avons laissée » continue Cristàn Jiménez.

Utilisée telle que souhaitée par le réalisateur, la bande-son évoque l’état d’esprit de son personnage principal plus qu’elle ne surligne ses émotions. Pluie, vent, bruissement de feuilles. Une musique « végétale » qui fait écho au titre du film, lui-même métaphore de la vie vue par Julio, selon qui l’existence se construirait comme on entretien un bonsaï. « Le livre travaille avec l’ensemble de son sujet. Le style, le design même englobe l’idée du bonsaï. Je voulais retrouver cet aspect-là au cinéma. Ne pas faire qu’un scénario illustré par des images mais lui donner plusieurs dimensions, toutes aussi importantes les unes que les autres. » Une volonté poussée jusque dans l’univers sonore d’un film mille-feuille… et singulier.

À voir au cinéma ABC.

Babanou

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