Sister Slacks | Demo 1

Outre les grands groupes de la scène toulousaine qui existent depuis quelques années et qui ont déjà foulé pas mal de planches, on assiste régulièrement à la naissance de nouvelles formations qui souhaitent à leur tour nous faire profiter de leurs créations. Et quand vient pour eux le moment de sortir un premier EP, C'Rock Note s'empresse de s'y pencher pour en parler. Parce que notre vocation est semblable à celle de quelques associations et médias locaux, la promotion de la scène locale, il est aussi essentiel de parler des petits nouveaux que des confirmés. Sister Slacks fait partie des découvertes toulousaines de 2011 et leur premier maxi est tombé dans nos petites mains de mélomanes.

Célia, Julien, Cristian et Arnaud forment Sister Slacks, un combo guitare/basse/batterie qui tire son nom d'une nouvelle de Boris Vian sous le pseudonyme Vernon Sullivan, Les chiens, le désir et la mort. Ils sortent Demo 1, leur première réalisation, le 24 mai 2011 avec six titres dans la boite, trois enregistrés en studio et trois autres en live. L'artwork réalisé par le bassiste est sobre et pour le moins étrange: des têtes de cerfs dépassant du sol sur une terre aride et désertique. La jaquette dégage anxiété et curiosité en même temps, elle laisse planer une atmosphère morbide, violente et sombre, à l'image de la nouvelle de Vian.

Quand on écoute Demo 1, on assiste à un torrent d'alternative rock souvent noyé de noise music. L'intention est clairement avant-gardiste dans l'expérimentation sonore et le bruitiste, on a aussi voulu y mettre du gros son tout en mettant un côté crado dans la production pour coller à l'univers. Sonic Youth est passé par là, c'est certain. On le sent dès le premier morceau et tout du long dans les rythmiques barrées, les dissonances chiadées, le son compressé. Certaines bonnes idées se dégagent dans les constructions notamment sur les ponts (Many Into Me) et les mélodies (intro de Couplette, Taxidermia). La vocaliste choisit sans artifices de bonnes lignes au chant mais frôle une ou deux fois la fausseté. Pour Deadly Serious, les quatre compères divulguent une déviance pop qui rappelle les Blonde Redhead avec une instrumentation vaporeuse et lancinante. On songe même étonnamment sur les refrains aux ballades rock de Dolly, notamment dans les intonations de voix. Clockwork, plus post-punk, relève à nouveau le tempo. Un changement de beat batterie trébuche vaguement au départ mais le morceau est entêtant et plaisant. La basse est mise en avant de manière générale sur l'ensemble de cet opus, tantôt très rythmique associée à la batterie, tantôt plus mélodique en couple avec la guitare. Ce double emploi est très séduisant à l'oreille.

Le groupe s'attaque à un style musical pointu qui demande une grande maitrise dans la composition et c'est souvent là que le bât blesse. Sister Slacks dispose de bonnes bases, d'une grande inspiration mais le tout semble relativement précipité. L'énergie n'est pas toujours canalisée et déborde parfois rendant certaines dissonances cacophoniques et l'écoute un peu laborieuse. L'EP lui-même, rendu disponible au téléchargement libre, aurait dû être davantage mûri. La production n'est pas impeccable et ne parlons pas des titres repiqués en concert. Enfin, sur un EP 6 titres, trouver un titre commun aux morceaux studio et au live qui n'apporte pas davantage est un peu frustrant.

Finalement, ce premier essai reste bancal mais dénote tout de même un potentiel naissant. On leur laisse maintenant le temps d'approfondir le travail et de concocter de nouveaux titres. On n'oublie pas qu'il s'agit là d'un premier essai qui leur permettra aussi de distinguer le bon du moins bon pour peaufiner leur style et peut-être bien nous clouer le bec au prochain album.

[Fanch]

Sister Slacks, Demo 1, Autoproduction, 2011.

Album en écoute intégrale sur Bandcamp.

Tracklist :

01. Many Into Me

02. Deadly Serious

03. Couplette (Dancing Bears and Elephants)

04. Clockwork (live)

05. Couplette (Dancing Bears and Elephants)(live)

06. Taxidermia (live)