La Rotule 50's : Except the Train

Ma maman, c'est la plus forte. Elle prend mes vieux jeans, elle utilise sa machine à coudre magique et elle me les rend en leur donnant un look niquel; genre Nirvana grunge cheveux longs et crasseux. La Rotule 50's, c'est la même chose. Ils arrivent à faire du neuf avec du vieux, faire de l'original avec des sons qu'on a entendus voilà très très longtemps. Rien que pour cela, Except the Train mérite d'y jeter une oreille.

C'est sûr, on n'entend plus vraiment de rockabilly de nos jours. J'ignore si c'est un tort ou non ; après tout on en a déjà soupé de ce style là. Mais la Rotule 50's n'est pas qu'un groupe "revival", ils tentent la revisite du genre. Plutôt normal pour ces anciens punks. Alors derrière ces guitares vieillotes, et une section rythmique très 50s (normal), on a aussi un chant qui sent bien le punk à chiens, légèrement déjanté. En gros, on pourrait écouter ce disque aussi bien dans un saloon texan que dans un bar punk anglais.

Après Except the train, le premier morceau de l'album du même nom et ses "ohooooooo" plutôt entrainants, puis Valenzuela, et ses bons vieux solos guitare/piano rock n'roll, Lost in the highway est le premier titre a vraiment faire comprendre le mix d'influence de la Rotule 50's. On se voit bien conduire une vieille américaine sur les routes désertes du sud texan... mais avec son GPS qui nous donne des indications de sa petite voix fluette et monotone (même si là, ce n'est pas vraiment le cas, elle nous chaufferait presque la coquine). Le classique western mélangé à l'irritante modernité du Tom-Tom. Plutôt marrant.

Passons directement à Loosing Times. Le fabuleux Johnny Cash et ses ballades country ont probablement marqué les trois membres de La Rotule, qui ont pour l'occasion sorti leurs plus belles grosses voix et leur indispensable harmonica. Certes, comme c'est une ballade, c'est beaucoup moins entrainant que les premiers morceaux. Mais c'est surtout très réussi. La chanson suivante, Space Cowboy (part 1), suit la même sympathique logique country.

On the other Way, No Pogo, reviennent sur le style plus rythmé du début de l'album, tout comme Three false Brothers. D'ailleurs, pour ce dernier; on se dit "bon morceau, c'est vraiment cool". Ah non, c'est certain je ne peux pas dire le contraire, vu que j'ai déjà dit du bien de Lost in the Highway, et que les deux chansons se ressemblent comme deux gouttes de flotte sans pastis (de "l'eau" on dit).

Voilà sans doute le problème d'Except the Train. Certes, le mélange d'influences rend la galette un peu originale, mais elle se fait rattraper par l'ultra classicisme presque scolaire des structures du rockabilly, dont le côté ultra carré peut finir par rendre l'ensemble lassant et redondant. Confirmation avec Surf n' rock, morceau instrumentale qui n'a finalement que peu d'intérêt. Heureusement l'alternance faite avec les titres plus Johnnycashien arrive à atténuer cette impression. L'album se finit d'ailleurs avec un Space Cowboy (part 2), qui repart sur une apaisante ballade country parsemée de solos d'harmonica, aussi plaisante que le part 1. Except the Train donne en plus en fin d'album une Ghost Song (oui ça se fait encore) plutôt rigolote.

En résumé, Except the Train est un premier album sympathique qui jouit d'une production impeccable. On espère seulement que le trio puisse dépasser le côté trop symétrique et répétitif du rockabilly, outre qu'avec ces bonnes voix gueulardes qui débordent des structures. L'album dispose tout de même d'une très bonne patate qui doit prendre tout son sens en live, et de ballades country qui m'ont personnellement touché.

Jack Mc Coy

La Rotule 50's, Except The Train, Autoproduction, 2011.

L'album est en écoute limitée sur Deezer ici.

Tracklist :

1. Except the Train

2. Valenzuela

3. Lost in the Highway

4. Hello Summer Night

5. Loosing Time

6. Space Cowboy (part 1)

7. On the other Way

8. No Pogo

9. Three Falee Brothers

10. Surf n' roll

11. Space Cowboy (part 2)