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samedi 18 juin 2011

Le Couturier | Le Couturier

Dans la musique électro, comme dans tous les autres styles, il y a du bon et du mauvais. Il y a les DJ de pacotille qui posent trois samples de façon maladroite sur un beat appauvri et accessoirement une boucle mélodiquement douteuse, qui utilisent des compresseurs à tout va pour faire toujours plus fort, donnant un ensemble clairement moyen, terne et abrutissant. Et il y a les véritables artistes, les compositeurs qui assemblent dans leurs morceaux les éléments comme on peint une toile de maitre. Le Couturier fait plutôt partie de cette seconde catégorie et compte bien vous le prouver dans son nouveau maxi, Le Couturier

Doté d’une pochette esthétique représentant un ciel couvert et sombre dont les épais nuages sont percés par la lueur intense et éclatante du Soleil, la lueur dans les ténèbres, cet EP nous propose cinq titres nous transportant dans des univers musicaux divers tout en gardant une cohérence importante grâce aux sonorités. Les influences et les « outils » sont variés, usant des musiques afro-américaines (hip-hop, soul, jazz, reggae) et d’un son plus rock psyché (Pink Floyd). Mais  la trame est ancrée principalement dans le trip-hop et l’artiste est inspiré de groupes tels que Portishead, Massive Attack ou encore Unkle. Le Couturier change d’ambiance avec une aisance considérable au sein de chaque morceau en tissant une toile de fond solide puis en y ajoutant au moment important le sample qui fera la différence et qui plongera l’auditeur dans une toute atmosphère, tout en opérant la transition avec une habileté d’orfèvre.

Ainsi, dans The Mass, on part d’un socle « musique de rue » avec des samples très « racés » sur un beat caractéristique du hip-hop tapé sur des tonneaux ambiance Tambours du Bronx, vers une atmosphère plus électro trip-hop avec une boucle de guitare gorgée de reverb et un sample clavier entêtant. Un passage assez aérien. Le Couturier jongle avec les sons usant de fading et jouant avec le pan sur le mix réalisant un titre assez étourdissant. Snooper  comporte une base hip-hop assez similaire mais cette fois avec un clavier aux sonorités reggae-ska en back-track. De nombreux sons de percus y sont introduits (claves, triangle, woodblock), perdus dans l’espace sonore grâce à des jeux sur les effets. Joli travail d’ambiance.

Pour les trois autres morceaux, la base est plus planante. Commençant sur un arpège troublant à la guitare acoustique, I steel need a name rappelle Archive. Un chant soul d’une voix profonde et douce pose un chant délicat sur l’intro puis la basse entre délicatement et c’est au tour de quelques sons bien trouvés. Ce morceau à l’ambiance éthérée est vraiment beau. La fin de la piste est plus dynamique, usant d’un pattern de batterie élaboré et d’un riff guitare transcendant. Un fade-out judicieux derrière des percus persistantes et c’est la fin. Melancholia et son arpège d’intro enchanteur et Catch Yourself ont un peu le même schéma, démarrant sur une instrumentation vaporeuse, sans percussion, sans beat, puis évoluant ensuite dans un registre plus électro-pop cadencé. Les mélanges entre samples purement électro et boucles d’instruments ont un rendu prodigieux et l’assemblage est plutôt adroit.

Le Couturier nous offre ici une belle pièce, sans fioritures, composée adroitement et efficacement. La dualité entre les sons électro froids et la chaleur des instruments samplés est intéressante et le montage des différents paysages musicaux au sein d’une même entité cohérente est appréciable. On ne peut que saluer la qualité de l’album, y compris lorsqu’on n’est que rarement client de musique électro (je plaide coupable), particulièrement quand l’artiste fait preuve d’un tel éclectisme.  Bravo Monsieur Le Couturier.

[Fanch]

Le Couturier, Le Couturier, Le Laboratoire Toulouse, 2011

Album en écoute intégrale sur Bandcamp.

Tracklist : 

01. The Mass
02. I Still Need A Name
03. Snooper
04. Melancholia
05. Catch Yourself

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