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vendredi 10 juin 2011

Dona Confuse | Ghost Healers' Fascinating Box


Sortant d’une poignée de chroniques d’albums plutôt gaillards, se pencher sur le nouvel opus de Dona Confuse est comme une cure de jouvence pour les esgourdes. Loin du projet premier Fedup et de son emo-metal, DC évolue avec délicatesse et inspiration dans des sphères électro-rock psyché depuis maintenant six ans. Le groupe était jusque-là auteur d’un maxi, The Santa Claus, split avec Blindsight et d’un premier LP intitulé Broken Silver Cigarette In Tristan Da Cunha. Le 25 mai 2011, Ghost Healers’ Fascinating Box arrivait tout frais chez Le Son Du Maquis, un petit bijou que je me suis fait un plaisir de vous chroniquer.

Quand 3200 Iso débute, un battement électronique et un bourdonnement sourds retentissent dans un silence de mort, introduisant un morceau saisissant de froideur. Les harmonies de parlé-chanté mécaniques  enchérissent ce climat angoissant qui confèrent tout de même à ces premiers instants une certaine emprise sur l’auditeur. Puis, lorsque les guitares légèrement distordues entrent, ajoutant à la scène des riffs anesthésiques, on aperçoit alors la silhouette d’un être un peu étrange mais fascinant issu de l’union illégitime du Kid A de Radiohead et du Des Visages, Des Figures de Noir Désir et dont l’ancêtre bienveillant serait l’œuvre intégrale de la bande à Gilmour. Brillant.

Electro, psychédélique, expérimental. Dans Echoes From The Fascinating Box,  cet être progresse dans un tunnel en eaux troubles et disparait dans une atmosphère brumeuse et suffocante. Un épais voile tressé par l’instrumentation drape un rythme lancinant, presque douloureux, à l’instar d’Ordinary Life. Les nappes cotonneuses, les fluets phrasés de guitare, l’indolent jeu au bottleneck, le chant presque murmuré et les chœurs en écho, en ont dressé le décor. Assommant. Happés ensuite par Ordinary Death, étourdis par ce tempo lent mais dynamisé, hachuré d’une attaque au médiator plus accentuée et répétitive, on aime l’esthétique des chœurs et la voix envoûtante. Grisant. On sort ensuite du coma sous respirateur pour une danse suave sur fond de mélodie pop. Les claquements de doigts, le beat affuté et les lignes de voix sont efficaces. Cette recette fera d’ailleurs de Here le morceau le plus accessible de l’album par son ornement plus conventionnel. Flamboyant. 

Les premières minutes de Ghost Healers révèlent une facette beaucoup plus avant-gardiste. Synthétique, bruitiste, plus vaporeux encore, cette nouvelle étape du voyage est glauque et sombre. Une basse entêtante et une voix étrangement éraillée et très lointaine entrent alors que les séquences dissonantes persistent. Oppressant. Soudain le céleste et crépusculaire White & Hot indique l’issue, la lueur à l’horizon. Un clavier angélique et des guitares shoegaze relaxent et apaisent par leur planant. Cette balade rappelle le type d’ambiance que peuvent créer Archive ou bien Aaron. Revitalisant. Un dernier chemin tumultueux par Blue Baritone qui assène des sons cacophoniques de trombone (ou d’un autre cuivre) et un glockenspiel simulant le tic-tac d’une horloge. On s’imagine alors dans une salle d’attente moite et étouffante sans air conditionné, un jour de canicule virulente et la pendule qui n’avance pasn comme si le temps était figé. Le périple touche à sa fin avec un dernier Farniente Coffee, édulcoré de nappes. Malgré la froideur des outils, il se dégage une certaine chaleur de ce morceau très solaire. La cadence s’accélère, la caféine fait son effet. Les sons se superposent et l’intensité monte jusqu’à la chute de tension. Le bout du tunnel ne laisse qu’un beat sourd et quelques notes disgracieuses subsister un instant pour laisser place au silence.

A la sortie de Ghost Healers’ Fascinating Box, on reste sans voix, touché par un tel condensé d’émotions haletantes. Alliant le savoir-faire des Pink Floyd à la fougue de Team Sleep, Dona Confuse a réalisé un sublime album qui confirme les sentiments tirés du premier effort. Gageons que ce groupe fera son petit bonhomme de chemin et qu’il pourrait encore en surprendre plus d’un.

[Fanch]

Dona Confuse, Ghost Healers' Fascinating Box, Le Son Du Maquis, 2011

Album en écoute intégrale sur Deezer.

Tracklist :

01. 3200 Iso
02. Echoes From The Fascinating Box
03. Ordinary Death
04. Here
05. Ordinary Life
06. Ghost Healers
07. White & Hot
08. Blue Baritone
09. Farniente Coffee

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