Jouch (Agora Fidelio, Naïve, Phantom Status) : "Je prépare déjà un 2e album solo"

Photo : Fabrice Mousel

Guitariste chez Agora Fidelio, chanteur-guitariste chez Naïve, et maintenant grand manitou de Phantom Status. Jouch est un garçon débordé. Après la sortie de Just Over Unknown Canceling Hesitations, son dernier bébé, le musicien se remet déjà au travail, s'il l'avait déjà arrêté un jour. Un deuxième opus de Phantom Status, l'attente des deux prochains Agora Fidelio, l'écriture du second Naïve : Jouch revient sur son emploi du temps chargé.

Comment a démarré ton dernier projet : Phantom Status ?

J'ai déjà deux autres projets : Naïve et Agora Fidelio et j'en suis tout à fait content, mais il y a pas mal de choses que je ne pouvais pas faire, déjà parce que je ne suis pas le seul impliqué et puis ça ne correspondait pas toujours, donc j'ai décidé de faire un autre projet. Avec Naïve, il y a déjà de l'électro et nous avons des caisses entières de sons, de débuts de morceaux et à force de bidouiller à deux heures du matin, je me suis rendu compte que je pouvais fixer ça sur un disque.

"Des featurings avec Nina de Cats on Trees ou Frederika" 

J'ai entendu dire que tu pensais déjà à un 2e album.

Complètement. La sortie du premier était prévue beaucoup plus tôt et j'ai donc eu le temps de le rebidouiller. Au final, il y aurait dû y avoir plus de titres que ça. J'ai fait quelques tests pour des featurings que je vais faire par la suite. Scéniquement, les membres de Naïve sont intéressés pour faire la basse/batterie. Mais ça ne serait peut-être pas un album physique parce que c'est trop dur financièrement quand on est tout seul.

Tu peux nous donner des exemples de ces futurs featurings ?

Frederika, nous sommes proches de très longue date. Pour moi c'était une évidence. Nina de Cats on Trees au piano et au chant. Vincent (Baudry, du studio Stereodrama, ndlr), qui s'est occupé de l'enregistrement des parties jouées et du mixage. Il y aura aussi les membres de Naïve. On en a discuté autour de quelques verres et ils étaient motivés pour assurer la basse et la batterie. J'ai vraiment envie qu'ils participent à la scène de Phantom Status.

Il parait que tu avais un concept précis pour ce 2e album mais que tu as ensuite écouté un disque qui faisait déjà de même.

En effet, mais je ne vais pas changer mon concept car il n'est pas tout à fait identique. Ça fait un an que je prenais des petites notes pour ce 2e album et récemment j'ai écouté ce disque tout à fait par hasard, juste parce que j'aimais bien la pochette. Le pire, c'est que c'est très bien et que c'est dans un style similaire. Le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Comme quoi, plusieurs cerveaux peuvent penser au même concept. Enfin, loin de moi l'idée de n'avoir que des idées originales.

"Belfast ne sonnera pas du tout comme Agora." 

Où en êtes-vous avec Bagdad et Belfast d'Agora Fidelio (les deux EP composant le triple album Les Illusions d'une route avec Barcelone) ?

On est un peu dans la merde (rire). On a été un peu gourmands en terme de délai. Dans l'idée, le deuxième, Bagdad, devait sortir en mars et Belfast, en septembre. Vu que c'est autoproduit, on s'en fout un peu des délais, sauf pour l'attente de ceux qui l'ont commandé. Mais notre batteur est à Paris et My Own Private Alaska (alias MOPA, autre projet du chanteur d'Agora Fidelio, Milka, ndlr) a un emploi du temps surchargé. Les pré-prods ne sont pas terminées. Nous allons entrer en studio cet été donc Bagdad sortira en septembre, tant pis pour le timing, mais nous n'oublions pas les gens qui l'ont commandé. On s'en occupe, mais ça prend du temps.

A quoi doit-on s'attendre musicalement avec Bagdad ?

On a essayé de projeter un voyage entre trois lieux. Barcelone était plus rock, et Bagdad devrait être différent de ce qu'on fait d'habitude, même si on ne se refait pas. La production sera brut. Par exemple, nous avons fait un morceau en une prise sous forme d'impro. Pour être tout à fait honnête, je ne savais même pas qu'on enregistrait, mais on a aimé le côté crasseux, garder un esprit brut, plus sombre. On veut casser nos habitudes, j'ai par exemple essayé de bosser sans delay pour ne pas travailler de la même manière.

Photo : Fabrice Mousel

Et pour Belfast ?

On a déjà travaillé dessus. Ce sera un mix des deux premiers. Barcelone était une transition avec le Troisième Choix. Bagdad, c'est le côté désenchanté et Belfast c'est la synthèse de ces deux étapes. C'est censé être le plus expérimental des trois, pas dans le sens "électro parisien à la mode" mais il pourrait y avoir des morceaux sans guitare, avec du clavecin ou du fifre à grelots. Ça ne sonnera pas du tout comme Agora.

Et Naïve dans tout ça ?

On compose le 2e album lentement mais surement car c'est toujours dur de trouver le temps. On meurt d'envie d'avoir des dates. D'ailleurs, si des gens veulent nous faire jouer, même hors de Toulouse, car nous avons joué uniquement ici, ça nous intéresse.

"Il faut qu'on se rende compte que ça coûte un bras de faire un album." 

Un message à faire passer ?

Ça fait longtemps qu'on dit avec Milka qu'il faut acheter des disques et Phantom Status me l'a confirmé. Financièrement, tu le sens passer. Si vous aimez la musique, faites l'effort d'acheter le disque. 15 euros c'est juste deux paquets de clopes ou une soirée dans un bar. Ça serait bien que les gens le fassent s'il veulent continuer à écouter de la musique plus tard. Même quand tu vends ton album à un ou deux euros, on le télécharge illégalement. Il faut qu'on se rende compte que ça coûte un bras de faire un album.

Justement, le fait de mettre J.O.U.C.H. en écoute libre sur Deezer n'est-il pas paradoxal ?

Le but est de le faire connaître et de rediriger vers des téléchargements payants. Je ne suis pas pour ce qu'il se passe sur Spotify où l'écoute est limitée, mais quoi qu'on en dise, le système Deezer est abusif. Pour Agora Fidelio, nous y sommes depuis 2007 ou 2008 et alors que le groupe y est écouté tous les jours, on en a retiré un peu moins de 10 euros. C'est risible. Je suis membre de la SACEM depuis 2001, et j'ai touché deux chèques totalisant 128 euros. C'est ridicule et Deezer contribue à ça mais c'est devenu un passage obligé, un moyen de tester. Ce système enfle celui qui passe dessus. Cela dit, je ne veux pas faire ma pleureuse. Quand tu fais de la musique, tu sais que tu ne vas pas en bouffer. Tant que tu sais ça, tout va bien.

Tu as une anecdote à ce sujet.

Oui, beaucoup de gens ne savent pas que télécharger illégalement porte préjudice aux musiciens. J'avais tapé "Agora Fidelio" trois jours après la sortie du Troisième Choix, sur une plateforme de peer to peer et j'ai trouvé un fichier qui contenait l'intégralité des albums du groupe, dont le dernier. J'ai réussi à retrouver celui qui l'avait mis en ligne et je lui ai dit que je n'étais pas d'accord avec ce qu'il faisait. Il était désolé. Lui avait acheté tous les disques et il pensait bien faire en nous faisant de la pub. Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas que c'est néfaste pour la musique.

Propos recueillis
par Jack Mc Coy