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mardi 12 avril 2011

Le rock est-il encore subversif ?

Philippe Manoeuvre, Patrick Eudeline ou encore Vincent Villalon (chanteur de Punish Yourself) animaient ce lundi un colloque «  le rock est-il encore subversif ? » à l'Université Toulouse 1 Capitole (dans le cadre du Festival Electric Artiland). Vu l'heure indécente à laquelle le débat était proposé (14h30), Jack Mc Coy a légitimement préféré finir sa nuit. Le thème méritant quand même qu'on y prête attention à CRN, O'Touch a enfilé sa plus belle paire de lunettes noires pour vous faire part de son avis (très) subjectif sur la question.

Non.

Le rédac' chef protestant énergiquement sur les raisons de son absence et sur la pauvreté de mon argumentation, je vais essayer de développer un peu. N'ayant pas non plus pris part au colloque, je vais réagir uniquement par rapport à la question soulevée.
La définition simplifiée de subversif donnée par la plupart des sites internet est « qui tend à menacer, à provoquer ou à renverser l'ordre établi »
Le « encore » sous-entend que le rock l'a un jour été. Cela peut déjà prêter à débat, notamment sur la capacité d'un mouvement uniquement musical à constituer une menace sérieuse pour un gouvernement en place. En tant qu'élément d'un ensemble plus vaste, il peut en revanche tout à fait jouer ce rôle là. La musique contestataire est d'ailleurs très répandue, qu'elle soit « rock » (le punk, le rock indé, le metal...) ou pas (free jazz, hip-hop...).
On peut prendre un exemple historique concret du côté subversif qu'a pu avoir le rock dans le passé. L'explosion des mouvements contestataires dans la deuxième moitié des années 60 et le début des années 70 trouve certaines de ses bases dans la musique. Le Festival International de Musique Pop de Monterey (avec The Who, Hendrix, Joplin...c'est le premier grand festival de rock), organisé en juin 67 et qui a réuni plus de 200 000 personnes est considéré comme le point de départ du Summer of Love lui même point d'expansion de la contre-culture hippie.
Il est d'ailleurs intéressant de noter que le rock a parfois pu avoir un rôle subversif aux dépens même des groupes le pratiquant. Les gentillets Beatles aux mélodies niaiseuses en sont l'exemple le plus frappant, leur succès étant considéré comme une menace en soi par l'ordre établi. Comme quoi, même une logique commerciale peut amener à changer le monde.

Retrouve-t-on ce côté subversif aujourd'hui dans le rock ? Clairement non. On peut même pousser plus loin la réflexion en se demandant si on le retrouve quelque part. Mais c'est un autre débat. Déjà, qui dispose vaguement d'une image subversive aujourd'hui ? Pete Doherty, peut-être. Le rebelle du pauvre. Ses no show ou sa « performance » lors d'un festival à Munich où il a entonné « Deutschland, Deutschland über alles », hymne allemand dont la première strophe a été reprise par les nazis, servent uniquement à alimenter les rubriques faits divers et ne constituent aucunement une menace à l'ordre établi.
Là où on risquait la prison en allant voir les Doors dans les sixties, que peut-on craindre de pire à un concert des Strokes ? L'acte « politique » a disparu. La conformisation du mouvement rock en est probablement la principale raison. Si la démocratisation d'un mouvement est une bonne chose en soi, son effet pervers est une perte quasi inéluctable du côté marginal et donc subversif, le centre étant mou par essence, ce n'est pas François Bayrou qui me contredira.
Le seul moyen aujourd'hui pour qu'un groupe de rock retrouve un côté un minimum subversif (en ayant une large audience, un groupe « néo-nazi » pouvant être subversif mais avec un potentiel gain de public limité), c'est qu'il reste en dehors du système. The Brian Jonestown Massacre (et surtout Anton Newcombe) en furent un bon exemple. Malheureusement bien trop esseulé.

A ce sujet je ne pourrais que conseiller l'excellent ouvrage de Benoît Sabatier, Nous sommes jeunes nous sommes fiers. N'hésitez pas à utiliser les commentaires pour insulter l'auteur et apporter votre avis à un débat fort intéressant pour lequel je me serais levé à 14h30, moi (et toc).

Peter O'Touch

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