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lundi 23 mai 2011

Saåad | Pink Sabbath

En enquêtant sur l’actualité de la scène locale et en particulier les sorties d’albums de nos chers groupes toulousains, j’ai découvert un projet relativement méconnu et tout à fait singulier. Exercice en solo de M. Romain Barbot (I Pilot Dæmon, ex-Montreal On Fire), Saåad est une sorte de journal de bord de globe-trotter écrit avec des sons et évoluant dans un style « ambient », « visual » peut-être bien. On ne sait trop quelle étiquette coller sur cette discipline et après tout, en faut-il vraiment une…

Il est relativement difficile de chroniquer un album tel que Pink Sabbath, au même titre que son prédécesseur It was, car il y a à la fois tant et si peu à dire. Peu pour la partie construction, technique et composition. En effet, il s’agit là de musique faite avec des claviers, des sons, des bruits et des effets, de la M.A.O. en somme. Et le propos ici n’est pas la performance musicale mais bien les émotions nées de l’écoute. De plus, décortiquer chaque morceau relèverait de l’exploit tant les quatre titres de ce deuxième EP semblent faire un bloc, quand on l’écoute sans la moindre coupure. Un bloc ou plutôt une histoire racontée par le compositeur, celle d’un long voyage dont la bande-originale serait ce Pink Sabbath.

Et c’est là qu’il y aurait matière à en discuter plus longuement, pas sur la forme mais sur le fond. Car Romain Barbot vous invite bel et bien à voyager à travers ses oeuvres et c’est réussi. On se laisse totalement emporter par les sonorités, l’atmosphère et l’on entreprend un très long périple intérieur, dans notre imaginaire. Il serait très aisé pour moi de vous décrire le mien, les images que m’évoquent HIIMVLYYV ou encore Southberry Tower sont nombreuses et fusent dans ma tête. Seulement voilà, un bon groupe de punk rock qui tâche réveillera sans soucis nos instincts primaires pour tous nous faire sauter partout en hochant la tête violemment. Une formation jazz swing, elle, nous fera danser et claquer des doigts quelques instant à l’unisson. En revanche, ce que nous propose Saåad réveillera quelque chose de différent chez chacun d’entre nous car chacun a sa propre interprétation d'une telle musique. Et, en bon mélomane, je me refuse simplement à influer sur votre voyage par la lecture de mon ressenti. C’est une expédition propre à l’auditeur et à ses songes, une expédition qui peut d’ailleurs être elle-même différente à chaque fois. Il suffit d’écouter et de s’abandonner.

Il n’est donc pas nécessaire de faire de grandes analyses, de prêter attention au moindre détail et de passer cet opus à la loupe. Dans ce courant musical, un bon album vous emporte dans son univers dès les premières notes, un mauvais devient lassant en un court instant. Pink Sabbath totalise 17 minutes et 45 secondes et parait bien trop court lorsqu'on se laisse pleinement aller. Il n’y a rien à ajouter, tout est dit.

[Fanch]

Saåad, Pink Sabbath, Autoproduction, 2011.

Album en téléchargement gratuit sur Bandcamp.

Tracklist :

01. Pink Sabbath
02. HIIMVLYYV
03. Onkalo
04 Southberry Tower


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